Sujet: The devil's got nothing on me my friend (w/Ágnes) Sam 30 Mai - 13:05
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poisoned soul
Sujet: Re: The devil's got nothing on me my friend (w/Ágnes) Mar 16 Juin - 13:33
the lion and the lamb
Le sol était poussiéreux, tout comme ses mains, tout comme sa robe, frottant le pavé depuis quelques mètres déjà. Un pèlerinage nocturne, de la torture, de l'automutilation, une tradition hebdomadaire, maintenant. À minuit sonnant, son corps s'écrasait au bitume, et comme ça, elle rampait vers la rédemption, fragile, exposée, vulnérable. Sa façon à elle de remercier son créateur de l'avoir choisie; de lui monter son dévouement. C'était comme cela, chaque soir, depuis sa sortie du coma. Sur son corps, cicatrices et autres blessures s'accumulaient, sans qu'elle y porte attention, ses pensées trop occupés par lui, par sa bonté.
Cette nuit n'était en rien différente des autres. Quelques passants l’interpellèrent, quelques klaxons se firent entendre, mais point ne vint déranger la folle dans sa folie, point, avant cet instant, quand en ouvrant la porte elle découvrit son paradis saccagé.
Des bancs ont été déplacés, mon cœur, arraché. Sur le sol gît, dans une marre de cire, le cadavre du chandelier, qui jadis éclairait l'autel. L’œuvre horrifiante de Satan, certainement.
Elle avance, d'un pas craintif, passant le cadre de la porte, puis les derniers sièges, ses yeux fixés sur Jésus qui pleure là haut. Ses pieds bougent encore, et sous son poids, une planche craque. Panique. Une ombre se déplace. Lucifer vient la voler à Dieu pour l'amener en enfer, une fois pour toute. Un moment, ses yeux sont fermés. Un autre, sa main cherche les croix ornant son cou. Puis finalement, elle sent sa présence, elle se calme, se rappelle qu'il sera toujours à ses côtés. Comme ça, elle n'a plus peur, et ouvre les yeux. C'est alors qu'elle l'aperçoit, une silhouette, une âme perdue, un agneau a ramener vers le troupeau, assise là, au premier banc.
Sors de l'ombre, laisses sa lumière, sa grandeur te guider.
Sa voix brise le silence glacial qui régnait dans la nef. D'un ton sévère, d'un discours usé, trop souvent répété, elle implore l'infidèle de revenir vers son créateur. De gestes doux, elle l'approche, remarquant bien vite que la silhouette est celle d'un enfant, d'une âme qui serait pure, ne serait-ce des crimes de ses géniteurs. Le cœur d'Ágnes se serre alors, pensant à sa jeunesse de dépravation et de solitude, des sentiments certainement bien familiers à la petite égarée assise là.
Peu importe qui tu es, d'où tu viens, saches que si tu te repends, il te pardonneras. N'ai pas peur enfant, il t'aime – Il abhorre seulement les démons qui te hantent.
Toujours, elle avance, encore, plus près. Elle prend place sur le banc voisin, fixe l'enfant, n'éloignant son regard que pour le poser sur son sauveur, toujours blessé, mais rayonnant tout de même. En elle, son sang s'échauffe, elle est prise de passion, prise d'amour. Il est beau. Il est bon. Il est parfait. Elle l'aime. Elle l'adore. Elle ferait tout pour lui – Elle lui donnera un enfant de plus; Celle là.
J'étais comme toi, avant, errant dans la nuit à la recherche de réponses – Il les détient. Il les détient toutes et il te les donneras si seulement tu l'écoutes.
Ses entrailles s'enflamment, son corps semble hors de son contrôle. Elle veut s’agenouiller, encore, lui parler, l'aimer, mais elle s'en retient – Une larme coule alors sur sa joue; Sa lumière est si belle, si aveuglante.