Assise, droite comme un I sur son grand lit crème, Amber dormait. Elle dormait du sommeil des justes les yeux grands ouverts et le corps éveillé. Elle se leva, inconsciente de ce qu'elle faisait, dirigeant ses pas jusqu'à sa fenêtre. Le vent s'engouffra dans les cheveux blonds de l'enfant, lui faisant comme un halo de lumière. De ses doigts fins, elle dessina les contours de la fenêtre, laissant la pureté de la nuit l'entourer. Elle basculait d'avant en arrière, pantin inanimé d'un jeu qui se jouait tellement loin d'elle et dont les protagonistes s'amusaient. Les ficelles qui tournaient autour de son corps comme d'un petit pantin désarticulés. Amber était offerte à des mains avides qui s'empressaient de prendre le contrôle de son sommeil. Dans l'ombre, des prunelles d'écarlates se marbraient doucement d'une lueur malsaine. La petite fille sentait la chaleur d'un feu éclatant sur ses mains qu'elle tendait devant elle. Ses heures sombres offertes à la nuit qui disparaitrait de sa mémoire. L'inconscient avait prit le contrôle et elle ne pouvait rien faire pour changer cela. Elle ne se rendait même pas contre du froid sur sa peau trop blanche et de la lune qui la fixait comme l'une de ses filles. Ses lèvres s'entrouvrirent et puis brusquement, son cri retentit dans la quiétude des ténèbres. Elle hurlait à s'en arracher les cordes vocales, se réveillant en le faisant de toute sa famille.
Elle était assise près de la cheminée, une tasse brulante dans les mains, une couverture sur les épaules alors qu'elle regardait danser dans les flammes des démons qu'elle n'aurait pas dut voir. Sa mère hocha la tête devant les paroles du prêtre qui se trouvait devant elle et son père disparaissait dans son bureau. La blonde tourna un regard inquiète jusqu'à sa fille, cherchant un appui quelconque qu'elle trouva dans les bras de l'homme en noir qui la prit contre elle, lui jurant que tout allait bien se passer, qu'Amber n'était qu'une enfant et que pour l'instant, il ne pouvait certifier que c'était si grave. La fillette ne tourna même pas la tête dans leur direction, voyant ses formes étranges danser et chanter à tue tête.
Les malaises et crises de somnambulisme continuaient, avec de plus en plus de violence à mesure que les jours passaient. La petite fille était une fleur fragile qui poussait lentement, ouvrant petit à petit ses pétales à mesure des jours qui s'enchainaient. Amber commençait lentement à changer et ses rêves faisaient de même. Plus la jeune fille grandissait, plus violents se faisaient ses démons. L'enfant, entourée par les paroles religieuses des siens, cherchait à comprendre et à se rebeller contre ce qu'elle était. Elle n'était pas un petit fantôme et son caractère empli d'orgueil l'envoyait chercher bien des réponses. Elle se perdit dans la lecture des sciences occultes, croyant petit à petit à une magie qui la terrifiant autant qu'elle la fascinait. Elle avait 9 ans, l'éternité devant elle, sa jeunesse offerte en pâture aux démons qu'elle rendait plus forts à chaque seconde. Ils étaient en elle, forçant son cœur et son âme à des rêves tous plus cruels les uns que les autres. Elle saigna pour la première fois, elle haïssait le monde puis se punissant pendant des heures, tranchant sa peau si blanche de marques écarlates.
Depuis toujours, les Page avaient vécu en seul maitre, sur d'eux, de ce qu'ils valaient et de ce qu'ils étaient capable de faire. Ils dirigeaient sans vraiment de partage, fier de leurs argents, de leur notoriété et de leur puissance. Aucune tache de venait rompre ce doux tableau dressé par une main de maitre, par un peintre qui ne pouvait que venter leurs qualités aux combien nombreuses. Leur fils ainé, James, était un jeune homme à l'image de sa famille, propre sur lui l'image idéal du gendre bien de sa personne. A Chicago, les Page étaient des modèles.
Mais comme toute les familles, ils avaient leur secret dans les placards. Cette petite blonde somnambule, hantée par ses démons qu'elle seule voyait. Elle aurait dut garder le silence mais les croix qu'on agitait devant son visage, cette bible dont l'apprentissage avait été au combien compliqué avait fini de la corrompre à la gloire de ce dieu qu'elle priait à chaque instant. Amber n'était pas comme eux. Elle était différente, hantée jusqu'aux plus profonds de ses nuits par des rêves qui la laissaient en sueur. Elle ne savait que la magie qui coulait dans ses veines n'aurait de fin que de la détruire un peu plus alors qu'elle refusait de croire à tous les mensonges qu'on lui jetait. Si elle savait que quelque chose d'anormal roulait dans ses veines, elle ne pouvait s'empêcher de croire que le démon dans son corps lui offrirait un jour son nom. En attendant, elle priait. Des heures entières, les genoux déchirés par le bois sur lequel ils s'appuyaient, le dos lacéré par les coups qu'elle se portait.
Le sang sur ses vêtements fini de convaincre ses parents. Cette gamine de 9 ans ne devait être vu par les autres. Ils l'envoyèrent dans un collège privé extrêmement cher où elle serait gardé à l’œil jour et nuit. Dans le cœur de la petite fille, la rage commença à naitre. Elle n'en montrait rien, appliquant à la perfection le masque que portaient tous ceux de sa famille. Mais dans l'ombre, elle relevait ses grands yeux bleus jusqu'au visage couvert de larmes du Christ et jurait que sa vengeance serait là avant de se punir un peu plus de souhaiter la vengeance. Elle haïssait les rêves qui petit à petit l'envahissait mais pleine de confiance pour son grand frère elle lui ouvrit son coeur. James n'était pourtant pas celui qu'elle aurait cru et il apprit la sombre vérité à leurs parents. Amber était maudite, hanté par un démon qui avait enfin dévoilé son nom.
Asmodée, en lettre de sang sur un blason de ténèbres
MusiqueLa décision avait été prise d'un commun accord. Amber était maudite et rien ne saurait lui faire passer tant d'années aux côtés de ce démon qu'ils n'avaient pu connaitre avant. Ils la firent sortir de l'école alors que les larmes roulaient déjà sur les joues encore si rondes de la petite fille. La blondinette les regardait comme si elle ne les avait pas vu depuis des décennies, son regard voilé par la découverte qu'elle avait fait. Asmodée, la
luxure, le pire des pêchers pour cette famille si propre sur elle. Amber les avait tous déçu et les regards qu'ils lui portèrent ne s'effaceraient jamais de sa mémoire.
La lune semblait peinte de sang dans l'esprit de l'enfant. Sa robe écarlate, la croix noire brodée sur le tissu de la disgrâce, tout la faisait gémir de terreur. Sa petite main, perdue dans celle de son père, ses grands yeux bleus fixaient l'église dans laquelle elle entra par une porte dérobée. Ce n'était pas la magnificence de la voûte qu'elle verrait aujourd'hui mais bel et bien la froideur glacée des sous terrains. La crypte avait toujours été un lieu sacré, offert à bien peu. Devant le regard de l'évêque, elle se tétanisa, refusant de bouger. Son père la tira plus fort avant de finalement la porter. Amber se débattit, avec violence, cherchant à s'échapper par tout le moyen. Elle échappa à l'étreinte de son père, se glissant entre les mains qui cherchaient à l'attraper. Sa robe trop longue lui semblait peser une tonne, l'odeur d'encens lui tournait la tête. Elle trébucha dans sa fuite et sentit aussitôt couler sur son front un liquide brûlant. La blonde n'avait pas mal et pourtant, elle sentait ses cheveux s'imbiber doucement de sang. Ils la récupérèrent, tremblante sur le sol de pierre brute. Le vin vient caresser ses lèvres, la drogue contenue en lui nettoyant son âme. Elle croyait plus que n'importe qui en son Dieu mais Il ne pouvait faire ça. C'était un mensonge ! Jamais Il ne pouvait faire souffrir ses fidèles à ce point, déchirer leur cœur et leur sang pour les libérer de la force du diable. La foi est une chose puissante. Même l'imaginaire peut prendre une dimension réelle lorsque l'esprit en a décidé de la sorte. Amber hurla lorsque la croix vient s'imposer sur son front pendant que l'évêque psalmodiait à mi-voix, suivie par le cœur des fidèles.
La messe rouge n'était pas de celle qui existe pour les âmes bien pensante. Habillé de rouge, les convives regardaient la scène se dérouler sous leurs yeux, ce corps d'enfant encore pur offert aux pires déviances de la religion. Faire passer le mal par l'offre d'un corps, boire le sang au calice de la vie. Le carmin de la jeune fille se mélangeait à l'eau bénite qui glissait sur son corps alors que la drogue la laissait offerte en pâture à cet homme qui sous le couvert de la foi s'offrait ses plaisirs personnels si terrible. Elle n'avait pas mal, malgré les profondes entailles qui cisaillait sa peau si blanche. Les yeux à demi clos, elle perdait les dernières traces de son innocence. pour la force de ce Dieu en qui elle croyait tant.
"
Superbia, Avaritia, Invidia, Ira, Luxuria, Gula, Acedia " récita-elle d'une voix parfaite suite à la demande de sa grande mère. La vieille femme ne la lâchait pas des yeux et lui indiqua froidement que tous les pêchers qu'elle venait de réciter étaient en elle, imprimé comme dans la chaire morte d'un cadavre. La jeune femme ne se démonta pas et jugea le regard de la mère de sa mère, un petit sourire en coin naissant sur ses lèvres. Vraiment ? semblaient souffler ses yeux dans lesquels brillaient une lueur malsaine. Ania Volkav écarquilla de grands yeux terrifiés et laissa filer la gamine d'entre ses griffes acérées. Ce n'était que partie remise. Mais la blonde filait, bien plus loin, bien trop loin même. Si les autres avaient su. S'ils avaient ne serait-ce qu'imaginer. Petit à petit, leur amitié avait été oublié par celle que son corps avait fini par rendre moins timide, presque trop sûr d'elle. Celle que les autres adulaient, et qui avait perdu toute foi en l'église depuis cette nuit terrible dont elle ne se souvenait plus. Les lèvres d'Amber étaient tendues sur son sourire, elle éclatait de rire alors qu'elle quittait cette veste de none qu'elle avait dû porter, troquant sa tenue sage pour des vêtements bien plus vulgaires. Douze ans. Et déjà elle filait comme le vent jusqu'à celui qui, elle le savait, l'attendait.
Elle l'avait rencontré voilà peut. Il était plus vieux qu'elle de quelques années. Déjà lycéen, il savait faire fondre les femmes et était entourée d'une aura de mystère qui les faisaient toute frémir. Amber n'avait pas été de ses filles. Elle ne lui avait même pas accordé un regard. Pourtant, avec le temps, ils avaient su devenir "ami". Et malgré ce qu'elle disait et faisait croire, les prunelles du brun ne la laissaient certainement pas indifférentes. Elle aimait se perdre en elles, découvrir toutes les nuances du cristal et des cieux. Avec de tels yeux, il aurait fait se damner n'importe quelle femme. Même cette enfant trop catholique dont la croix brillait sur la poitrine naissante. Il l'avait fait venir pour l'aider. Soit disant. Elle sut à l'instant même où elle arriva chez lui que quelque chose clochait. L'odeur, trop proche de la messe rouge dont elle n'avait aucun souvenir. La blonde fronça les sourcils mais elle envoya paitre ses peurs et entra. Les parents du brun n'étaient pas là et elle le trouva seul, dans sa chambre.
L'instant était d'une beauté sans pareille, calme dans la lumière fraiche qu'apportait le soleil du printemps. Amber ne se rendait même pas contre qu'elle avait déjà ouvert ses cuisses, qu'il s'était glissé en elles. Une larme roula sur sa joue pendant que la croix lui brulait la poitrine. Elle l'enleva en vitesse et se laissa bercer par les vas et vient de son partenaire. Elle répondit au baiser du brun pendant que ses mains venaient glisser le long de la ligne dorsale de son amant. Elle avait déjà oublié la douleur, laissant sa gorge dévoilée pendant que sa tête partait en arrière. Son bassin se releva, venant chercher la caresse des poils pubiens du beau brun.
Il jouit avec un gémissement alors qu'Amber sentait les papillons dans son ventre se faire plus nombreux. Mais il continua en elle, son bassin s'avançant et se reculant jusqu'à ce qu'enfin un cri s'échappe des lèvres de la belle. Il retomba sur le côté, à bout de souffle et Amber se rendit alors contre de la sueur qui luisait sur ses seins douloureux. Mais elle ne l'essuya pas, se blottissant contre son torse. Il l'embrassa une nouvelle fois avant de la prendre dans ses bras. Puis Amber éclata en sanglot.
Il l'avait consolé tant bien que mal et Amber s'était blottit une nouvelle fois contre lui, s’excusant de ses larmes. Dieu allait la punir d'avoir joué de ses chairs, d'avoir été cette sorcière que sa grand-mère disait qu'elle était. La blonde devait rester des heures assises devant l'hôtel à se confesser de la sorcellerie qu'elle exerçait sur les hommes. A supplier dieu de lui pardonner, serrant contre son cœur cette croix. Cette croix couverte du sang qu'elle avait perdu alors qu'il la faisait sienne.
MusiqueIls s'étaient revu, à bien trop de reprise. Amber jurait qu'elle l'aimait alors que lui ne venait la voir que pour ses cuisses et la passion de ses gestes. Il jurait qu'elle avait quelque chose en elle qui la rendait plus dangereuse que les autres, une sombre ombre qui se masquait derrière son visage d'ange. Amber souriait à chaque fois qu'il lui rappelait ce démon avec lequel elle avait apprit à vivre. Si l'entité s'était calmé alors qu'elle se réveillait douloureusement de la messe rouge, il était revenu de plus belle hanté ses rêves et le moindre de ses instants après qu'elle est offert son corps au brun. Mais aujourd'hui, elle ne le vivait plus avec la même terreur et elle avait apprit à jouer de ce charme qui grandissait terriblement dans son corps.
Alors qu'elle se sentait enfin heureuse, caressant de ses mains cette puissance qu'elle voulait toucher des doigts, agrandissant son pouvoir sur le lycée qu'elle contrôlait de ses doigts fins, la nouvelle tomba comme un couperet. Ils partaient loin de Chicago. Ania, sa grand mère maternelle, était terriblement malade et les richesses de sa famille serait mit à son service. Ils quittaient son Amérique natale et pour Amber, c'était un monde qui s'écroulait.
" Come with me. Please. I... I think I lose the game. I love you. I really love you. I beg you, come with me. We can be together in this horrible country. Don't leave me alone... " **
Mais un regard froid lui fit face. Il n'acceptait pas. Il ne voulait pas qu'elle parte. Et elle eu beau lutter, ses parents avaient prit pour de bon leur décision. Irrévocablement, elle devait dire adieu à ses amis et surtout, à cet homme qui la faisait frémir dès qu'il posait la main sur son corps.
" Goodbye. Forever. Don't look back, I wouldn't be here. " ***
Il tourna les talons alors que les larmes envahissaient le regard de la blonde. Mais elle lui disait ce jour là adieu pour toujours. Jamais plus elle ne poserait son regard sur le visage parfait de son amant. Elle quittait l'Amérique pour de bon, déposant ses bagages à Budpest. La ville lui déplut pour de bon et elle ne décrocha pas un mot à ses parents de tout le trajet en avion. Il faisait froid, il faisait gris et le lac Michigan lui manquait déjà. pourtant, elle sentait le pouvoir affluer dans ses veines et elle se mit en chasse le soir même, en quête d'un bar où exercer son art.
- Spoiler:
" Vient avec moi. S'il te plait. Je... Je pense que j'ai perdu le jeu. Je t'aime. Je t'aime vraiment. Je t'en supplie, vient avec moi. On peut être ensemble dans cette horrible ville. Me laisse pas toute seule... " **
" Adieu. pour toujours. Ne regarder pas derrière toi, je n'y serais plus " ***
A Budapest, la douce Amber un peu sauvage laissa parler son cœur jusqu'au bout. Elle refusait le soit disant amour de ses parents, affublé de vêtement qu'Asmodée ne pouvait qu'aimer. Elle avait bien comprit que le pouvoir qui roulait dans ses veines était d'origine divine et elle en jouait à la perfection. Car le monde était un immense plateau de jeu sur lequel elle venait comme une princesse de ténèbres apprendre des règles qu'elle inventait d'elle-même.
Elle apprit la batterie et eu tout le lycée pour devenir de plus en plus douée. Têtue et persévérante, elle ne lâchait pas le morceau et s'entrainait en permanence. Durant une année entière, elle disparu des soirées où elle trainait toutes les nuits pour se concentrer sur cet instrument qu'elle avait apprit à aimer et qui lui permettait d'exorciser sa rage. Reine parmi les reines de son lycée, elle marchait toujours, menton pointé, fière de son rang et de sa fortune. Elle avait apprit à jouer des coudes au milieu de ses humains qu'elle méprisait quand elle était la résurrection d'une luxure qui ne demandait qu'à s'amuser.
Elle rencontra sa meilleure amie durant leurs années de lycée et les deux jeunes femmes ne se quittèrent bientôt plus. Membres du même groupe de rock, aussi fêtarde l'une que l'autre, elles étaient les terreurs de nuits de Budapest. Avec le temps, les parents d'Amber jetèrent l'éponge, offrant une totale liberté à leur fille qu'elle prit avec les intérêts. De ses doigts, elle s'offrait la popularité qu'elle méritait. De sorcière, on susurrait le nom mais non pour la vérité mais bel et bien pour sa langue de vipère aussi acérée qu'une dague. La blonde elle même ne savait que ses pouvoirs, loin d'être l'oeuvre d'un démon étaient en vérité les signes d'une sorcellerie qu'elle en savait réelle et dont sa meilleure amie était elle aussi une fille.