Trainé de force dans ce bar, le temps semblait long, trop long… Elle ne faisait que parler, parler et parler sans doute pour impressionner les copines et de montrer enfin « son mec » avec lequel, elle les tanne depuis des semaines.
« J’adooore l’ambiance ! Au moins ici, tout le monde est gay ! » Dit-elle en regardant tout le monde d’un sourire espiègle avant de rire de sa propre blague.
En cet instant István se demandait comme il faisait pour être avec elle depuis deux mois à présent. Même si d’après les mots de son paternel « physiquement, il n’y a rien à jeter », il ne pouvait supporter de l’entendre parler plus de deux heures. Il est vrai que depuis qu’il la fréquentait ses parents lui foutaient la paix et il avait une potiche à montrer quand le besoin s’en faisait ressentir. Rentrer dans le moule de la conformité pour être tranquille, voilà le dicton qu’on lui tannait depuis qu’il était môme. Savoir se fondre parmi les humains et ensuite satisfaire les exigences de ses parents pour n’avoir qu’à les croiser une fois par mois. Tant qu’il était avec une fille, il était dispensé d’avoir comme question rhétorique « Alors les loupiaux, c’est pour quand ? » Car dans la famille Hajas, on est fier de faire remonter la lignée des loups depuis plusieurs générations.
Il se leva et elle lui attrapa aussitôt le bras.
« Tu vas ou ? »
« Pisser. » répondit-il sans détour
« Ah !Ah ! les mecs ! » Dit-elle à l’attention de ces amis alors qu’il termnait son verre et s’éloignait de la table ou ils étaient installés.
Passant sur le bord de la piste, il se dirigeait vers les toilettes. Attirant les regards sur son passage, il ne semblait pas y accorder d’importance.
« hé ! Tu danses ?! » Lui lança un jeune homme avec un sourire sans équivoque.
« Pas ma tasse de thé, désolé » répondit-il franchement en partant.
Attendant devant les toilettes, un autre homme se posa contre le mur à côté de lui, attendant aussi son tour. Ses poils se hérissèrent sur sa nuque. Un autre loup ici ? Vraiment ? Il tourna la tête sur le côté pour observer un homme, un peu plus de trentaine, bâti comme lui.
« Quoi ?! Tu crois que c’est parce que j’aime bien voir la lune que je ne suis pas un loup. » Lui lança-t-il amusé.
C’était comme s’il avait lu dans ses pensées. De nature dominante, il pouvait à voir du mal à s’entendre avec des confrères mais la… C’est comme si un lien était en train de se créer. Il s’imprégna un peu de plus de son odeur et se plut à la détailler. Ces notes brutes éveillaient son loup.
« Tu fais ce que tu veux, je m’en fous. » tenta-t-il avant de rentrer dans les toilettes de libres et de refermer dernière lui. Merde… Qu’est ce qui lui arrivait ? D’habitude, ces instincts ne remontaient que sous la colère ou l’excitation. Il lui fallait pisser un coup pour se calmer. Une fois les besoins de la nature et les règles d’hygiènes respectés, il sortit des toilettes, il lui faisait de prendre à gauche pour rejoindre sa table mais quelque chose le fit regarder à droite. Il était parti par là-bas. Pourquoi voudrait-il le suivre ? Pourtant il se surprit à suivre le couloir sombre ou des couples de quelques minutes s’étaient formés, le temps de quelques plaisirs charnels.
La piste s’arrêtait là. Il y avait trop de monde, trop d’odeur, trop d’échanges pour continuer. Pourtant sans qu’il le sente arriver, on le plaqua contre le mur.
« Et alors ? On se perd ? » lui lança-t-il en lui murmurant à l’oreille. Il laissa échapper un grognement. István n’aimait pas les surprises, d’autant plus quand il subissait. Pourtant l’autre loup savait comment faire. Provoquant de la colère et de l’excitation chez lui. Pressant un peu plus son bras sur l’épaule d István, il cherchait à lui faire mal, à provoquer une autre réaction. Qui ne se fit pas attendre. Avec rapidité, il retourna la situation. Bloquant l’inconnu contre la paroi, il appuya son avant-bras sur sa gorges pour l’étrangler mais cela ne semblait pas inquiétait l’étranger. Bien au contraire, une parade avait commencé, deux males se jaugeant, grognant l’un après l’autre. Parade, provocation, séduction, tout devenait confus dans son esprit et son instinct si bien qu’il ne bougea pas quand il sentit la main de l’inconnu se poser sur sa hanche et chercher un passage dans son pantalon en même temps qu’ István relâchait son emprise. Tous les verrous venaient de sauter laissant le loup prendre ce qu’il demandait.
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La nuit avait été longue et la frustration forte. Il avait du passer la nuit à encadre un jeune, le soumettre par la domination pour le forcer à garder le contrôle.
« Ne laisse pas cette petite voix prendre le contrôle. Garde en tête ce que tu es et ceux qui te sont proches. » Expliqua István au jeune alors que la nuit touchait à sa fin.Il avait déjà retrouvé sa forme humaine et enfilait sa tenue pour aller faire du sport, il était habillé de son vieux pantalon de jogging et d’un débardeur. Il baissa la tête vers le loup mais le jeune filait à nouveau à toute allure dans les bois.
« Ouais… J’ai pas eu l’impression de parler dans le vide » lança t-il sur place en faisant la moue.
Il se lança à sa suite pour ne pas perdre sa trace non plus, si le jeune n’était pas une lumière, il était quand même responsable de lui jusqu’à ce qu'il le ramène devant chez lui.
Sa course le mena dans les profondeurs des bois et son ouïe percevait une voix. Comment cela était-il possible ? Il forcit l’allure pour arriver sur place et à partir de ce moment-là tout se passa vite. Une personne se tenait en face du loup garou visiblement désarmée. Se trouver ici sans rien était idiot et si István était pour la logique de la chaine alimentaire, il ne pouvait décemment laisser le jeune loup mordre quelqu’un.
Il se jeta alors sur le loup, lui asséna un coup sur la tête avant de le propulser en arrière. Le loup glapit de douleur mais il ne se fit pas de soucis, l’avantage des loups étaient de cicatriser facilement. Il se retourna finalement pour faire face
« Non mais t’es con ou quoi ? Tu sais pas qu’il est dangereux de se promener dans les bois par une nuit de pleine lune ? T’as pas entendu parler des légendes ? Rien que les superstitions auraient pu te dissuader. Ou alors t’es à ce point stupide pour croire que c’est une brillante idée de te pointer tout seul dans un endroit où personne pourrait t’entendre hurler si t’es en danger ?» lui lança t il énervé !
Il s’attendait à des excuses, de la colère, de la peur mais surement pas. Avait-il bien entendu ? Ce gosse était il en train de lui faire un rentre dedans monstre ?
Restant d’abord bête, il reprit un air peu avenant.
« Continue comme ça, et je te laisse rentrer tout seul en espérant que l’autre revienne te bouffer.» Tenta-t-il pour l’intimider mais cela ne faisait pas effet, il revenait à la charge. La pleine lune rendait elle en rut certaines personnes ? Il était tellement pris de court qu’il n’avait pas détaillé le jeune homme plus fin et plus petit que lui. Déjà complexé sur sa sexualité, Il n’avait absolument pas envie d’aborder ça maintenant dans un endroit rempli des siens qui avaient des idées bien arrêtées sur les relations homos. Ce jeune était surement givré mais parvient quand même à le faire rire. Il ne devait pas lui montrer qu’il s’en était bien tiré. Lui balançant un râteau aussi gros que la pleine lune, il le laissa sur place avant de repartir en courant, il avait un loup à surveiller après tout.