Elle hurlait, de douleur ou de chagrin, elle ne savait plus. Le son qui sortait de sa gorge n'était plus le siens, c'était celui de la mort. De la mort de son enfant, de son amour, de la femme qu'elle était. Ce son au milieu de la nuit pénétra les rêves de tout à chacun leur glaçant le sang. Quand épuisée son hurlement s'éteint les premiers rayons du soleil pénétraient sa chambre, la sang sur elle avait séché. Elle savait, elle savait que lorsque le sang s'était mis à couler lui pénétrait le corps de cette autre femme, SA femme désormais. La douleur et la rage brouillait sa vue, comment avait-il pu ? Reniée par sa famille pour avoir aimée cet homme elle l'avait suivit où il le désirant, elle lui avait tout donnée, sa vie, sa virginité...Elle avait affrontée la honte d'attendre cet enfant illégitime, cet enfant qu'elle chérissait déjà, qu'elle aimait déjà de tout son être. Mais lui...lui s'était marié hier à une pauvre idiote, il l'avait laissé pour un mariage riche, sans honte. Elle le haïssait, lui et tout les autres. Son père qui la mettait à la porte, lui qui l'abandonnait. Elle les haïssait. Mysah sentit à peine une présence se glisser près d'elle. Elle entendit sa voix, douce à son oreille, elle lui promit un monde sans douleur, un monde où aucun homme ne la dominerais plus jamais, où ce serait elle qui détiendrait le pouvoir. Un monde de sang. Mysah céda à la voix et lui offrit la dernière chose qui lui restait à offrir, son âme, et ce soir là, elle devint cauchemar.
Jérusalem, Mysah se lécha lentement les lèvres, du doigt elle intercepta une goutte de sang roulant sur son corps nu. Elle leva la tête laissant un long gémissement s'échapper de ses mêmes lèvres. Elle reporta son regard sur le corps de l'homme en dessous d'elle. Ça avait été si simple, elle avait à peine finit de danser qu'il était déjà en elle, Mysah laissa un petit rire sortir de sa gorge, après deux siècles les hommes n'avaient toujours pas changés. Un petit cri étouffé la fit se retourner rapidement, ses yeux fixèrent alors une petite fille, les cheveux aussi sombre que les siens. La petite était effrayée, Mysah s'approcha d'elle, aussi souplement qu'un chat, aussi menaçante qu'une tigresse.
Oh ma chérie tu n'es pas au lit ? la femme murmurait à l'oreille de l'enfant fascinée.
Ton papa a fait une vilaine bêtise mais il n'en fera plus ne t'en fais pas... à la mention de l'homme gisant sur le lit l'enfant le regarda et des larmes coulèrent le long de ses joues. Mysah la serra doucement dans ses bras
Chuut...ne pleurs pas..endors toi et rêve, maman est là... à ses mots Mysah planta ses crocs dans sa jugulaire, la serrant toujours plus fort entre ses bras nus. Elle relâcha le corps sans vie de l'enfant et partit, le soleil arrivait, mais cela faisait bien longtemps qu'elle n'y avait plus accès.
Mysah avait quittée sa créatrice seulement un siècle après sa création, elle avait été une élève appliquée et rapide et elle était désormais capable de tuer de ses propres crocs. Jérusalem était une ville magnifique, la nuit les danseuses orientales emprisonnait la ville de leurs mouvements de hanches tandis qu'elle paralysait ses habitants, prisonniers éternels de leurs pires cauchemars.
Prenez gardes à vos rêves les plus secret, il se pourrait que je m'en délecte avant le lever du jour.
Ses yeux ne quittèrent pas ceux de la jeune femme en face d'elle, Mysah pouvait sentir d'ici ses membres se raidir sous son regard. Cette idiote l'avait surprise alors qu'elle jouait avec les rêves de l'enfant, la nourrice à tout les coups. Elle s'approcha dangereusement de la femme, ne la quittant toujours pas des yeux, Mysah n'avait jamais transformée le moindre humain en vampire, et elle ne le désirait pas. Cette femme allait donc mourir, cette nuit.
En repartant dans la nuit elle sentit une ombre passer derrière elle. Mysah se stoppa, les ruelles de Londres étaient tout sauf sûres la nuit, cette présence était donc soit une putain, un pauvre idiot, un criminel ou une créature de la nuit. Mysah écarta l'idée d'un chasseur, pas ici pas cette nuit. Les chasseurs préféraient tuer le jour, lâcheté caractéristique de la race humaine. Une fois retournée se fut les yeux d'un loup qu'elle rencontra, la pleine lune évidemment. Mysah le fixa, elle connaissait le danger qu'il représentait pour elle, mais elle connaissait également celui qu'elle était pour lui. Égal à égal. Le loup avança vers elle, elle ne bougea pas. Une fois à sa hauteur il s'arrêta, la scrutant, Mysah leva la main avant de la laisser retomber sur son poil, caressant le pelage de la bête. Cette dernière hurla à la lune et repartit, comme elle était venant.
La vampire resta interdite, il y avait des siècles que personnes que la surprise n'avait pas atteint son cœur et pourtant cette nuit c'est bel et bien ce qu'elle avait ressentit. Et avec surprise elle découvrit qu'il surpassait le plaisir du sang.
Cinq siècles s'étaient écoulés depuis sa dernière aube. Les yeux fixés sur la dernière acquisition de sa galerie. Les artistes et leurs agents se plaignaient de devoir passer si tard, prétextant qu'ils ne voulaient pas rentrer chez eux de nuit, mais leur gémissements cessaient dès lors qu'ils découvraient leur interlocutrice. Mysah n'avait pas grand chose à faire pour les convaincre de signer avec sa galerie, un regard et ils étaient à elle. La brune mettait un point d'honneur à ne pas les tuer, on ne mélange pas travail et plaisir après tout. Alors elle les dispensait de son numéro de séduction habituel, comme si elle avait besoin de le faire de toute manière. Avec eux elle se montrait froide, de toute manière les hommes aiment les femmes inaccessible, en étant ainsi elle faisait des hommes ce qu'elle voulait. Elle balayait les propositions peu subtiles des personnes avec qui elle travaillait, mais ça ne la rendait que plus désirable.
La vampire soupira tandis que ses doigts caressaient doucement la toile, cela faisait cinq cent ans, jour pour jour, la mélancolie avait pris possession de son esprit, cet enfant qu'elle n'aurait jamais, ce sang qui coulait...Mais la haine se dessina alors sur ses traits et son ongle perça la toile. Elle l'avait tué, elle avait attendue d'avoir appris à se maîtriser, à maîtriser sa soif. Et elle était venu un soir dans son lit, elle l'avait séduit de nouveau. Elle joigna son corps au siens mais lorsqu'il voulu la faire sienne Mysah avait planté ses crocs dans sa gorge et alors que sa pauvre petite femme entrait dans la chambre en hurlant elle l'avait tué, les yeux plantés dans ceux de sa femme.
Une magnifique vengeance en somme, mais sa rage n'avait pas faiblit, sa haine habitait toujours ses veines et elle hantait encore les nuits des enfants. Les enfants qu'elle n'aurait jamais.
Mysah aperçu alors une perle de sang s'écraser sur le sol, elle porta sa main à son visage. Elle pleurait, cela n'arrivait jamais, jamais sauf ce soir là, elle ne voulait plus verser de sang pour lui. Elle en avait déjà trop perdu. Son regard se posa sur l’œuvre qu'elle avait caressait alors, mais il n'en restait que des lambeaux, la toile était entièrement déchirée, magnifique métaphore de son passé, de son existence humaine.