« Apollonia Verrecchia vous invite... » Teodora avait été un peu surprise en voyant la carte dans sa boite aux lettres, écrite de manière soigneuse, travaillée – elle n'avait jamais entendu parler d'une Apollonia Verrecchia, non. Ni d'un casino nommé Golden Cage. Dieu, avait-elle vécue dans une grotte pour les dernières années, pour ne jamais avoir entendu parler d'un tel casino ? s'était-elle dis en retournant la carte sous toutes les coutures, avec un froncement de sourcil. Une rapide recherche internet l'avait informé sur le casino, mais pas sur sa propriétaire. Et cela avait piqué sa curiosité. Pourquoi recevait-elle une invitation ? « ..soirée privée. » Elle n'était pas si connue pour qu'on l'invite, elle, et seulement elle. Elle ne voyait aucune raison apparente...

Teodora avait hésité pendant la semaine qui précédait l’événement. Elle avait contemplé le carton, posé sur la table de son salon, sans savoir vraiment quoi penser. C'est quelques heures avant le début de la soirée qu'elle s'était décidé, fouillant dans son armoire pour trouver une tenue correcte – du moins, plus appropriée que ses habituelles boots marrons qu'elle ne quittait jamais.

Ses yeux détaillaient les gens qui peuplaient le casino. Elle attrapa le carton d'invitation de sa pochette, relisant pour la millième fois les informations qui y étaient inscrites, qu'elle finissait par connaître par cœur. La danseuse étudia méthodiquement chaque personne alors qu'elle s'avançait vers le lieu de la « soirée privée » - tendit son carton, guettant à chaque instant ce qui pouvait être un piège : merci ses instincts de chasseuse. C'est juste une simple soirée, Teo. Tu peux bien te détendre pour une seule soirée. Le monde ne va pas s'écrouler.
Un trait d'eyeliner pour souligner son regard, un peu de rouge à lèvres pour accentuer ses lèvres – en jetant un regard à son reflet, Teodora n'y était pas habitué : le maquillage, elle n'en portait que pour les représentations de danse. Elle releva le menton, adressa un sourire au serveur qui lui tendit une coupe.

Teodora trempa ses lèvres dans le verre – Apollonia Verrecchia doit sûrement être dans cette pièce, songea-t-elle, alors qu'elle observât les rares femmes de la soirée. A croire qu'elle était la seule.  Elle n'arrivait pas à se détendre, constamment sur le qui-vive, prête à laisser place à la chasseuse qu'elle était.  Teo se retourna, manqua de heurter une femme brune et de renverser son verre sur elle.

— Oh ! Je suis désolée. fit-elle, reculant d'un pas et observant la créature féminine qui lui faisait face, avec une vague impression de déjà-vu – sans qu'elle ne puisse clairement mettre le doigt dessus.