√ Messages : 169 √ Date d'inscription : 23/04/2015
Sujet: Ghost in the machine (w/Anton) Sam 2 Mai - 20:39
Invité
Invité
poisoned soul
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Lun 4 Mai - 8:53
Ghost in the machine
Budapest, une longue histoire... Anton n'y avait pas remis les pieds depuis bien longtemps... Pas depuis qu'il s'était fiancé en réalité, un peu moins de dix ans plus tôt. Avec sa fiancée devenue épouse, ils avaient emménagé dans une bourgade excentrée et avaient vécu une existence paisible, puis tout avait basculé sur un malentendu. S'en était suivi un long voyage, un divorce, une traque, puis finalement un retour aux sources. Il avait regagné la ville de ses études, il avait retrouvé certaines têtes familières, parmi lesquelles cette fille. Leonarda. Une amie d'enfance, d'adolescence, de jeunesse décadente. Ils avaient fait les cons, s'étaient sentis immortels le temps de soirées de folie, avaient appris ensemble parfois à ne plus se soucier de rien, puis s'étaient perdus de vue. Alors lorsque le chasseur l'avait revue, croisée au hasard du chemin, il l'avait interpellée. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Ils ne s'étaient pas revus depuis longtemps, n'avaient peut-être plus rien en commun, mais il lui avait demandé son numéro pour la revoir. Peut-être en souvenir du bon vieux temps, peut-être pour se dire qu'il n'était pas seul dans cette grande ville. Elle avait été une amie, pourquoi ne le serait-elle pas encore ? Il se souvenait l'avoir invitée à son mariage, par exemple.
Autant renouer avec ceux qu'on aurait pas du perdre de vue. Quand on avait été détruit par une sombre expérience, ils servaient à faire le lien avec ce monde, nous rappeler qu'on était encore vivant, qu'on avait survécu. L'alcool faisait ça aussi, et sans parler du sang de vampire... Bref, il l'avait contactée, il savait qu'il serait de repos cet après-midi-là, alors ça serait parfait. Puis elle lui avait répondu être disponible aussi, lui proposant de prendre un verre en ville. Excellente idée, ils pourraient ainsi trinquer au nom du bon vieux temps. Et s'ils buvaient plus que de soif, tant pis, il n'irait pas chasser ce soir-là malgré cette satanée pleine lune, il se comporterait en humain normal, irai vomir dans un caniveau et rentrer chez lui en titubant avant de s'effondrer dans son lit.
C'était un plan parfait, aussi en début d'après-midi s'était-il habillé un peu mieux que d'habitude. Avec son métier à la salle de sport il ne connaissait que les joggings, et guère mieux là nuit. Alors c'était un effort pour lui que d'arborer une tenue descente. Un jean taillé droit, une chemise et un pull à col en V un minimum chic. Après tout, son amie était devenue une célébrité, grande violoniste, il ne fallait pas lui faire honte. Alors se rajoutait à la tenue un manteau de feutre, et l'une de ces écharpes simples, très à la mode chez les hommes. Il en revenait à peine de l'effort, s'observant à plusieurs reprises dans le miroir avant de finalement décrocher pour enfourcher sa bécane. La circulation en ville était bien plus simple à deux roues, ainsi il arrivait dans le fameux quartier du rendez-vous rapidement, trouvant à se garer sur un large trottoir sans que cela ne gêne personne. Puis il se dirigea vers le bar du rendez-vous, entrant à l'intérieur pour constater qu'il était en avance. Inutile d'attendre au comptoir, il ressortait et s'adossait à un mur. Il allumait l'une de ces cigarettes qu'il ne fumait que rarement pour tuer le temps. Il n'était pas accroc à cette saleté, c'était bien là la seule addiction que l'on pouvait ne pas lui reprocher. Il attendit ainsi, seul, un bon moment, finissant par fumer une seconde cigarette, commençant à se demander si elle ne l'avait pas oublié. Il sortait alors son téléphone, lui envoyait un sms de rappel, peut-être était-elle en route ? Il en profitait pour aller sur internet grâce au petit appareil dernière génération. Il jetait un coup d’œil sur le blog de cette fille qui avait la sale manie de le suivre parfois la nuit, lorsqu'il était en chasse. Évidemment elle ne manquait pas de prévenir ses lecteurs que ce soir la pleine lune s'élèverait de tout son éclat. Un rictus agacé se dessinait sur les lèvres du chasseur, il rangeait son téléphone dans sa sacoche et jetait la cigarette consumée seulement à moitié.
Toujours seul, sa patience atteignait ses limites, lorsqu'enfin le visage familier de Leonarda s'avançait vers lui avec un grand sourire. Comment l'engueuler avec une mine si radieuse ? Il répondait à son accolade en la prenant un instant dans ses bras, comme de vieux amis qui se retrouvaient après un long moment. Elle était presque étonnée qu'il soit encore là, lui aussi.
« Leo ! C'était limite, j'ai bien fait d'attendre. »
Elle s'excusait pour le retard alors qu'il lui adressait un clin d’œil pour lui dire que ce n'était pas bien grave. Puis il riait de bon cœur avec elle car il ne doutait pas un instant qu'elle sache être parfaitement accordée au temps, celui de la musique qui accompagne son violon. Après tout, il paraît que les artistes n'ont pas toujours la notion de l'heure, trop absorbé par leur art. Il n'allait pas lui en tenir rigueur et lui fit signe d'entrer dans le bar. La décoration était style 19ème, un haut plafond et une légère musique de fond. Une petite table, le long d'un mur, était libre. Anton invitait Leonarda à s'installer sur la confortable banquette adossée au mur, lui se contenterait de la chaise qui faisait face. Il fit signe au serveur, commandant une bière et demandant à son amie ce qu'elle préférait boire, il offrait la tournée. Une fois les verres servis, ils trinquaient, puis Anton engloutissait une grande gorgée avant de poser son verre.
« Alors dis moi tout, mis à part la plus grande violoniste du pays, que deviens tu ? Et par pitié, ne me dis pas que tu est sage comme une image! »
Phantasmagøria
Leonóra Keresztély
poisoned soul + drink from the cup of life
poisoned soul
√ Messages : 169 √ Date d'inscription : 23/04/2015
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Jeu 7 Mai - 21:04
Invité
Invité
poisoned soul
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Ven 8 Mai - 17:39
Ghost in the machine
Un verre de vin. Voilà qui était raffiné, collant presque la honte à Anton, affublé de sa vulgaire pinte de mousse. Par chance, l'amitié ne se jugeait pas à la couleur du verre et il existait encore une forte chance pour qu'ils puissent s'entendre comme au bon vieux temps, ce que le chasseur souhaitait, pour un peu plus sentir sa vie se rapprocher de la normale. Car le verre de l'afterwork était un rituel chez les jeunes citadins trentenaires. Mais fallait-il encore qu'ils aient des choses à se dire car l'eau avait coulé sous les ponts et c'est principalement ce goût prononcé pour la fête qu'ils avaient partagé, une dizaine d'années auparavant. Alors il était temps de refaire connaissance, Anton lui demandait si elle ne s'était pas assagie. A son grand dam, elle disait que si, mais toujours sur le ton de la plaisanterie, sacrée Leo. Elle disait aussi qu'elle se faisait vieille et c'est là seulement que le chasseur réalisait qu'elle n'avait presque pas changé : qui à part lui pouvait dire d'un simple regard qu'elle avait passé le cap de la trentaine ? Utilisait-elle déjà tous ces produits de beauté de luxe dont les bourgeoises se recouvrent matin et soir pour aspirer à la jeunesse éternelle ? C'est exactement le genre de question que l'on ne posait pas à une dame, alors il se retenait, mettait le nez dans son verre, buvait en l'écoutant, modérant également le débit de boisson : s'il y avait bien un soir où il devait rester sobre, c'était celui qui approchait. Leo semblait débordée par son travail, la rançon de la gloire, puisqu'elle disait déjà souffrir de son age. La musique faisait-elle vraiment vieillir ? Certes, elle jouait sur des partitions qui attiraient davantage le troisième âge, mais ce n'était pas une raison. Elle était encore jeune, cette fraîcheur se cachait simplement quelque part, et Anton victime d'un légère déformation professionnelle en coaching, y allait de son petit conseil bien-être et vivacité:
« Il faut que tu te mette au Métal. Il y a des très bons groupes qui cherchent des violonistes de talent. Et puis je te vois bien faire tourbillonner tes cheveux sur scène! »
Illustrait-il en faisant tourner sa tête inclinée, en l'absence des indispensables cheveux de tout bon métalleux. Puis il cessait sans redevenir sérieux, trinquait, riait à son tour en s'adossant à sa chaise, à l'aise et content de passer un bon moment. Rien de tel que la décompression avant une longue nuit de veille. Et plus il regardait Leonora, plus il se demandait pourquoi ils s'étaient perdus de vue. Elle avait beau dire qu'elle était débordée, cette malice pétillait toujours dans ses yeux. Il regrettait son absence à son mariage, il s'était déjà imaginé le discours qu'elle aurait été capable de raconter, le medley au violon après quelques verres de trop... En y repensant, c'était à cette époque qu'ils avaient cessé de se fréquenter, peut-être que leur vie de jeunes adultes avait pris des voies opposées. Lui s'était rangé bien trop sagement après tout, il n'avait plus rien du guignol de toutes les fêtes. Il avait même acheté un monospace, le con. La tendance semblait presque s'inverser aujourd'hui, si l'on mettait ses soucis personnels de côté, le divorcé connaissait une seconde jeunesse alors que la violoniste était trop sage, assise ici à jouer avec son petit ballon de rouge. Et voilà qu'elle devenait nostalgique de surcroît. Enfin, ses mots semblaient un peux creux, elle disait qu'il lui avait manqué, mais était-ce honnête ou poli ? Il lui adressait un hochement de tête comme réponse, suivi d'un sourire gêné, elle peut bien dire ça après avoir décliné la grande invitation dix ans plus tôt. Mais un geste le fit changer d'avis après cette pensée sceptique, la brune venait poser sa main sur son bras, perdu à côté de la pinte. Alors c'était donc vrai, mais aussi gênant, car il ne lui avait pas retourné la fameuse réplique. Et puisque les mots ne tombaient toujours pas, elle interrompait le silence lourd d'un échange de regards. Les yeux du chasseur, nostalgiques, avaient exprimé à sa place le regret d'avoir perdu de vue si longtemps cette amie, et ils pouvaient enfin se reposer, reprendre cet air si sûr de lui alors qu'elle lui tendait la perche en remarquant ce qui faisait sa fierté : ses muscles. Ils riaient de nouveau, redonnaient de la légèreté à leurs retrouvailles alors qu'Anton faisait une petite démonstration, gonflait son biceps pour l'amuser avant de reprendre une gorgée de bière. Elle prenait à son tour des nouvelles, même si la musculature du chasseur faisait davantage l'objet de la question. Ce qu'il devenait?
« Je suis divorcé ! Du coup je fais des extras au boulot, à la salle de sport. Et puis des fois je vais courir après les méchants la nuit pour les neutraliser, tu sais, comme les justiciers dans les séries ! »
Il hocha la tête, l'air insistant et parfaitement honnête... Avant de rire, encore une fois. Il ne savait pas si elle l'avait cru une seule seconde concernant son activité nocturne, il avait emprunté un ton sincère, mais sommes toutes surjoué. Puis il enchaînait, de bonne humeur, parti pour plaisanter de nouveau.
« Toi on peut pas dire que t'ai changé... Ce qui est -rassure-toi hein- un compliment madame ! Même pas une ride, il faut que tu me donnes ton secret. Enfin attends-voir, en fait il y a du changement, un peu plus de poil! »
Il se redressait au-dessus de la table pour venir ébouriffer d'une main les cheveux de Leo, ça faisait trop longtemps qu'il ne l'avait pas embêtée. Mais avant qu'elle ne réplique, il se rejetait en arrière, bien éloigné au fond de sa chaise en compagnie de sa pinte capturée au vol. Une nouvelle gorgée. 50 centilitres, qu'est-ce que ça descendait vite. D'ailleurs il effectuait un mouvement de poignet discret pour regarder l'heure en espérant qu'elle ne le remarque pas. Il fallait qu'il sache combien de temps il lui restait avant de devoir rentrer se préparer. Mais exceptionnellement, il pouvait prendre un peu de retard ce soir, il lui resterait toute la nuit pour empêcher ces satanés loups de venir s'en prendre aux humains.
Phantasmagøria
Leonóra Keresztély
poisoned soul + drink from the cup of life
poisoned soul
√ Messages : 169 √ Date d'inscription : 23/04/2015
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Ven 8 Mai - 22:44
Invité
Invité
poisoned soul
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Sam 9 Mai - 18:56
Ghost in the machine
Quand vous faites des efforts monstrueux pour atteindre un objectif, vous ne le lâchez plus si facilement une fois réussi. Même si les eaux du Graal atteint ne sont pas aussi rafraîchissantes qu'elles y paraissent. Voilà ce que Anton se disait en voyant Leo parler de son métier, aussi prestigieux puisse-t-il sembler, il n'animait pas la demoiselle de cette flamme qu'il avait connue. Le Métal était une bonne alternative, une jolie nenette, talentueuse, un violon qui ne s'accorde pas en permanence, lorsqu'il faut laisser place aux solos de guitare, des moments pour tournoyer ses cheveux sans jouer, pour contrer ce qu'elle disait. Mais inutile d'insister, l'idée ne semblait même pas séduire une seconde la musicienne. Elle continuerait de vieillir parmi cette horde d'instruments, sans connaître la joie des concerts où la foule l’idolâtrerait rien qu'à faire ce que bon lui semble. Dommage, elle ne deviendrait jamais la rockstar dont le chasseur flairait encore le potentiel. Mais le sujet changeait au fil de la conversation, fini la musique, place à l'étonnement lorsqu'il lui annonçait être divorcé, comme si ce chapitre de plusieurs années auxquelles elle n'avait pas assistées n'en avait de toutes façons pas valu la peine, puisqu'il était un échec. Tout ça par la faute d'une paire d'ovaires récalcitrante si l'on condensait l'histoire à son strict minimum. Non pas que l'absence de progéniture ait provoqué la rupture, mais les traitements hormonaux, la fécondation in-vitro infructueuse, les sautes d'humeur, l'exil d'un homme et le piège d'un vampire avaient été lourds de conséquences pour ce mariage si parfait en apparence. Et ce passe-temps qu'il évoquait pour tuer ses nuits de célibat, s'il souhaitait à la base le faire passer pour une vaste blague, se puisse-t-il que Leo y accorde le moindre crédit ? Elle l'avait connu assez fou pour faire n'importe quoi tant que ça divertissait la galerie, il se prenait donc au piège de ses propres mots puisqu'il semblait capable de faire ce qu'il racontait comme un bobard. Il le faisait. Etait-il allé trop loin dans la plaisanterie ? Le regard de la brune lui parut suspect durant une fraction de seconde, il y avait quelque chose, comme l'ombre d'un crédit accordé à ses histoires. Peut-être une mise en garde ? Non, probablement le vin qui parlait dans le doute, se disait-il. Ses propos étaient absurdes et Leo ne pouvait pas l'avoir cru une seconde, c'était impossible. Il faisait donc abstraction du regard d'un instant, pour redevenir le joyeux plaisantin dont la demoiselle avait probablement plus besoin en ce moment, finissant par lui ébouriffer les cheveux après une remarque sur son absence de vieillissement... Et sa pilosité. Encore une réaction improbable. Ou alors blaguait-elle à son tour, faisant semblait d'être surprise alors qu'il la trouvait trop velue. Ou il se faisait des idées, puisqu’elle répondait à sa provocation, semblant le chasser de ses mains. Voilà enfin qu'il retrouvait la Leo râleuse, et si c'était pas sa manucure, il s'agissait de sa coiffure qu'il avait fallu préparer, blablabla, ah les filles ! Elle lui faisait remarquer qu'il avait fallu du temps pour préparer sa parure de paon, et il savait qu'elle ne lui en voulait pas, mimait le mécontentement comme la fille de riche qu'elle était, tout en sachant que la mayonnaise ne montait pas avec lui. Pire que ça, il était fier de sa connerie et le montrait en prenant un air détendu et suffisant.
« Hum, ouais je sais, tu voulais te faire belle pour moi, et tout, mais je les préfère sauvages! »
Et bam, dans les dents ! Mais en parlant de sauvagerie, elle avait saisi le concept, lui révélant le secret de sa jeunesse éternelle : des bains de sang de bébé à chaque pleine lune. Et elle lui disait ça en emprisonnant ses larges épaules de frêles bras, pour ajouter le côté théâtral. Il éclate de rire, couvre son léger gloussement à elle. Parce que Anton, il en avait vues, des choses pas glorieuses, et il imaginait parfaitement certaines créatures être capables d'une telle chose. Alors le rire avait quelque chose de nerveux, qui se dissipait bien vite puisque ce n'était qu'une brave humaine qui lui racontait ça. Alors qu'elle libérait ses épaules, il avait regardé l'heure en toute discrétion, ne regardant pas vraiment si elle observait son geste, reprenant aussitôt un air décontracté pour lui montrer que le temps ne lui paraissait absolument pas long. Au contraire, il profitait de l'instant et finissait même par lui répondre après une gorgée de bière.
« J'espère que t'as fait tes réserves pour ce soir, la pleine lune arrive! »
Il cherchait à faire le malin, se disant que comme la plupart des humains, Leo ne faisait guère attention au cycle lunaire. Mais lui... Parait-il étrange qu'il sache que cette nuit bénéficierait d'un excellent éclairage naturel ? Il pourrait toujours prétendre qu'il était devenu fan d'astronomie. Ou qu'il était insomniaque. Ou il n'aurait pas à se justifier, finissant enfin sa pinte, jusqu'à la dernière goutte, reposant le verre lentement. Des pleines lunes, il y en avait souvent, il n'allait pas sacrifier un moment agréable pour un boulot qu'il n'avait au fond jamais choisi, qu'il s'était contenté d'épouser par hérédité. Alors il lançait une invitation à sa vieille amie.
« Tu repars pour un verre ou tu dois rentrer remplir ta baignoire? »
Le sourire taquin, il refaisait allusion au rituel dont elle avait parlé. Puis d'un regard, il constatait que le jour commençait à bouder cette parcelle de la planète. Qu'importe ? Si elle était joueuse, il passerait à la vitesse supérieure, une Jagger Bomb par exemple, le cocktail en vogue pour les soirées endiablées. Mais comme un rappel intuitif, ses yeux d'acier se posaient sur son poignet, y observant quelque chose qu'il était probablement le seul à pouvoir remarquer. Comme un tatouage, les ombres de sa marque de chasseur se rappelaient à son bon souvenir. Pas maintenant. Il glissait sa main dans sa poche pour ignorer l'appel qui n'était probablement qu'une hallucination. En parlant de ça, il avait bien envie d'une petite dose. Juste une goutte, pour se sentir bien. Saloperie d'addiction, elle aurait sa peau. Alors il se levait, prenant un air faussement pressé alors que son visage trahissait une certaine anxiété, due au manque.
« Excuse moi, la magie de la bière opère. Mais prépare moi l'histoire de tes 10 dernières années pour quand je reviens. Tu as deux minutes ! »
Après un petit clin d’œil tout en la pointant du doigt d'un air faussement autoritaire, il prenait la direction des toilettes. Enfermé dans une cabine, il sortait une minuscule éprouvette qui ne contenait pas plus de deux centilitres de liquide... Pourpre. Il l'ouvrait, agitait au-dessus de sa langue jusqu'à ce que le récipient paraisse propre, entièrement vidé. Il le rangeait à son emplacement habituel et s'adossait au mur, levant les yeux au ciel, laissant le sang de vampire s'imprégner dans ses tissus. Puis il ressortait, plein d'une assurance que même les cocaïnomanes ignoraient. Il était un peu plus fort, mais ce n'était pas le but. Il se sentait bien, à l'abri de tous les dangers, prêt à faire face à la pleine lune autrement qu'avec son arsenal de chasseur. Si Leo était partante, ils se saouleraient jusqu'à l'aube où il la saurait en sécurité dans les rues. D'ailleurs, il s'empressait de rejoindre la table où elle devait probablement l'attendre.
Phantasmagøria
Leonóra Keresztély
poisoned soul + drink from the cup of life
poisoned soul
√ Messages : 169 √ Date d'inscription : 23/04/2015
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Lun 11 Mai - 18:17
Invité
Invité
poisoned soul
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Mar 12 Mai - 16:58
Ghost in the machine
« C'est surtout parce qu'elle me rend insomniaque! »
Anton rit avec honnêteté. Ce qu'il venait de dire n'était pas si faux, la pleine lune agissait même sur les humains dépourvus de pouvoirs. Il avait bien rattrapé son coup, ajoutant la fierté de ne pas être un romantique quand la demoiselle le lui suggérait. Non, il ne surveillait certainement pas le cycle de la lune pour émerveiller son ex-femme d'un dîner aux chandelles dans le jardin. La pauvre Barbara, elle avait davantage vécu ces soirées comme un mélange d'anxiété et de torture, à ne pas savoir dans quel état serait l'autre de moitié de son lit au réveil. Par chance, il n'avait jamais été vide, mais pas toujours propre pour autant. Elle qui était si douce, si loin des femmes sauvages qu'il avait évoqué pour taquiner Leo. Il se disait encore qu'il ne l'avait pas méritée, qu'il était bien mieux pour sa tendre moitié d'être seule qu'accompagnée des débris d'un fier chasseur. Le plus malheureux dans l'histoire, c'était que la pauvre eut été presque stérile, et non pas lui, qui l'aurait bien plus mérité. Il en arrivait parfois à se dire qu'il était maudit, qu'il portait malheur aux femmes qui se rapprochaient trop de lui. Sa mère pourtant si grande chasseuse dévorée par un vampire, jamais de sœur alors qu'il comptait trois cousines, son premier amour dévorée par les loups, Barbara... Mais pourquoi cherchait-il à renouer avec Leo, il pourrait bien lui porter la poisse à elle aussi. Ils passeraient une bonne soirée, il la raccompagnerait pour qu'aucun loup ne leur barre le chemin, puis il garderait ses distances malgré l'excellent moment qu'ils passaient. Et plongé dans ses pensées, il la voyait, floue, avait l'impression d'observer des mimiques qui n'étaient pas celles d'une femme, sentait une odeur agressive... Il avait besoin de sa dose pour y voir plus clair, plus positivement. Il quittait sa torpeur pour prétexter une envie pressante, se prenait une moquerie bien envoyée de Leo. Il n'avait pas la force de répliquer, le manque se faisait trop présent, la peur irrationnelle qu'une créature des ombres vienne l'agresser ici et maintenant envahissait son être. Du sang, ce seul réconfort, comme si les bras de mère natures s'enlaçaient autour de lui pour le rassurer d'une étreinte délicatement imperceptible.
Il allait mieux. Plus de stress, plus d'hallucinations. La vie, celle qu'on a envie de croquer à pleines dents, voilà ce qu'il avait entre ses mains à présent, il était bien déterminé à ne pas la gâcher ce soir... Mais c'était sans compter sur sa vieille amie qui, empestant soudainement le parfum, lui annonçait son départ prématuré. Il revenait à peine des toilettes, s'était mis en bonne condition pour la soirée, comment pouvait-elle lui faire ça ? Avait-elle senti la malédiction du chasseur rôder ? Son excuse était-elle valable ? Elle semblait si anxieuse à se jeter ainsi sur lui pour une ultime accolade... Trop tendue... La musique faisait-elle ça ? Le trac avant de monter sur scène ? Cela pouvait-il provoquer une telle mélancolie ? Celle qui perçait à travers le regard de la brune... Elle dépose une bise sur sa joue, il attrape sa main pour la retenir, mais sans mots, la laisse glisser, plein d'incompréhension. Est-ce la sang qui lui parle ? Lui dit de lui courir après avant qu'il ne soit trop tard ? Nous ne sommes pas dans Cendrillon... Il a le droit de la suivre, assister au concert pour l'applaudir, se laisser émouvoir par une musique qui ne l'inspire pas d'ordinaire, parce que le nectar étranger qui ruisselle maintenant à travers lui aime peut-être le tonnerre des instruments qui s'élève en crescendo. Ou serait-ce son instinct de chasseur, qui s'inquiète de la voir se jeter dans les bras de la nuit alors que la lune présente son plus grand profil. Quelque chose cloche.
A son tour, Anton fonce vers la sortie. Il n'a même pas pris la peine de régler la note, il ignore le serveur qui l'appelle et jette un billet à terre. Puis il la voit plus loin dans la rue, interpeller un taxi. Il met son casque sur sa tête mais ne se soucie pas de l'attacher, il sprint vers sa moto, elle est juste à côté. Il démarre et manque de faucher deux piétons, mais ses sens sont plus aiguisés, aucune peine à se frayer un chemin à travers les voitures, slalomer pour ne pas quitter de vue le taxi qui ne prend pas la direction de l'opéra...
Sa filature s'est terminée au bord d'une forêt. Il est resté loin lorsqu'il a compris que rien ne coïncidait. Anton a garé sa moto, posé son casque dessus sans plus de cérémonie. Il a conservé sa veste de motard, celle qui est renforcée en de multiples endroits de coques souples. Il s'est toujours dit que si elle n'était pas si chère, il s'en servirait pour aller chasser. Vu l'épaisseur, il ne ressentirait pas les morsures, elle amoindrirait le choc des coups. Le taxi filait. La demoiselle semblait mal en point. Anton voulait courir à son secours, chercher à comprendre ce qui n'allait pas... Mais s'il espérait que l'idée de la malédiction qui plane sur les femmes auxquelles il tient ne soit qu'une illusion, il constatait encore une fois avec effroi qu'il avait peut-être raison. A couvert, son odeur dissimulée par la brise à contre-sens, il assistait impuissant à la métamorphose de Leo. Il se disait qu'il hallucinait, ce n'était pas possible, le sang de vampire... N'avait définitivement pas cet effet-là. Alors il sortait un couteau papillon du fond de sa sacoche en bandoulière. Il approchait, pas à pas, s'assurait que sa veste ne le gênerait pas dans ses mouvements. Puis une fois suffisamment près, il observa l'animal, droit dans les yeux, tout autant prédateur. L'instinct de tueur refaisait surface. L'encre d'obsidienne qui teintait la peau de son poignet semblait briller de mille éclats qu'il était seul à voir. Le sang de vampire lui disait de frapper, de l'égorger, trancher net et efficacement. Une mince gouttelette de bave perlait même au coin de sa lèvre, plus vraiment lui-même. Elle venait de se transformer, elle n'était pas encore en pleine possession de ses moyens. Il suffisait de frapper, fin de l'histoire. Mais quelque chose l'interpella, le regard de la louve. Celui de Leo. Les deux s'entremêlaient. Lui rappelaient celui du jeune loup qu'il avait épargné en Grèce. Une lueur d'humanité, trop scintillante pour qu'on puisse faire l'impasse. Alors de retenue, la colère éclatait, la rage des coups qu'il s'interdisait de porter.
« Mais c'est QUOI ton problème !? Tu pouvais pas simplement le dire ! On aurait trouvé un arrangement ! Regarde-toi maintenant ! Je vais devoir te tuer et encore une fois je vais m'en mordre les doigts jusqu'à la fin de mes jours. Tu crois pas que j'en ai déjà assez, des remords sur le dos ? Tu veux vraiment t'ajouter à la liste ? Alors que tu m'as fait croire tout à l'heure... Tu as... Tu. Tu n'est qu'une LÂCHE! »
L'animal ne comprendrait peut-être pas, mais il fallait bien qu'elle serve de défouloir... Ou alors il n'aurait qu'à se laisser mordre, comme avec les vampires...
Phantasmagøria
Leonóra Keresztély
poisoned soul + drink from the cup of life
poisoned soul
√ Messages : 169 √ Date d'inscription : 23/04/2015
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Jeu 14 Mai - 16:56
Invité
Invité
poisoned soul
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Dim 17 Mai - 16:15
Ghost in the machine
Cette bête.. Cette bête qu'il insulte de lâche, est-elle seulement capable de comprendre ses mots ? Il avait déjà insulté plus de lycanthropes sur cette terre qu'un bon nombre d'humains cumulés. Une haine farouche, vieux vestige d'une vendetta qui n'avait plus lieu d'être, mais qui le hantait. Il avait besoin de les haïr, ces animaux sans état d'âme. S'ils ne pouvaient être guéris, alors qu'ils crèvent. Simple affaire lorsqu'il s'agissait d'inconnus, il rendait anonymement service à la famille. Mais pour la première fois, il se voyait lui-même confronté à quelqu'un qui était -ou plutôt avait été- une proche. Et c'était comme si elle bénéficiait du même don que ces Farkas de vampires, elle l'immobilisait, empêchait la lame de fendre son échine, simplement parce qu'elle était Leo. En bon chasseur, il ne pouvait ignorer les mouvements de la bête, l'observer lui tourner autour, sentant chacun de ses muscles frémir comme pour s'échauffer, préparer la contre-attaque. Il ne pouvait faire autrement qu'attendre, garder sa lame au poing, préparer la riposte, car il savait déjà que l'issue de cette confrontation ne serait pas pacifique. Peut-être aurait-il du frapper tant qu'elle était encore affaiblie, mais la personne lâche ici, ce n'était autre que lui. Il se sentirait bien moins coupable s'il agissait par légitime défense, son instinct de survie prendrait le pas sur un sentiment tel que l'amitié.
Comme prévu, la louve montre un signe d'attaque, le chasseur contracte ses muscles pour faire face, sachant qu'il n'a qu'une seule chance. Une seule canine qui se perd, et c'est la fin. Supporterait-il de devenir l'une de ces bêtes ? Jamais. S'il recevait la morsure fatidique, il irait s'offrir à un vampire, tuerait une dernière fois en se donnant la mort. Ce n'était pas une option. Et lorsqu'il voyait le fauve s'élancer, gueule grande ouverte, il verrouilla sa position. Bras gauche en avant, légèrement tordu dans l'espoir que l'orientation des coques de sa veste suffisent à retenir les crocs. Mais l'impulsion était plus haute que prévue, il l'avait sous-estimée, car son bras ne retint que brièvement les griffes, alors qu'il était propulsé trois pas en arrière. L'instant semblait durer une éternité, il humait l'odeur nauséabonde émanant de la gueule de l'animal, comme un dernier souffle, alors que son bras droit, animé par la marque du chasseur, s'était élevé sans qu'il ne le réalise vraiment, par réflexe, avait empalée la bête de sa lame, alors qu'il ne cherchait qu'à la repousser se son poing fort. Trop tard, le mal était fait. Il ne voyait plus Leo, il voyait la bête se rabattre en couinant de douleur. Mais les loup étaient solides, il fallait s'attendre à un autre assaut, sans ses armes de chasseur qu'il n'avait pas eu le temps de prendre. En situation de proie, sans moyen de fuir, avec pour seul espoir de survie son couteau, il guettait un nouvel assaut. Mais rien, si ce n'était le hurlement de la bête. Qui contre toute attente, fuyait. Y avait-il encore une part de Leo ? Ou son instinct lui faisait-il pressentir la marque flamboyante du chasseur qui caressait la garde de la lame ?
Anton reprenait son souffle, ou plutôt ses idées. Encore sous l'effet de cet jet d’adrénaline, celui qui valait plus que toutes les doses de sang de vampire du monde, et qui de surcroît y était combiné. Son cœur battait la chamade, mais très vite vint l'excitation, ce sentiment de toute-puissance, celui que vous ressentez lorsque vous échappez à la mort et qui vous fait hurler de folie, vous n’êtes plus vous-même, vous avez vaincu, vous en revoudriez presque. Et tout cela, il le faisait. Il hurlait comme l'homme des cavernes qui part en chasse, il courait à travers les bois, pupilles dilatées, plus rapide grâce à sa drogue, plus excité par l'idée de survivre. Plus appâté par l'idée de chasser, la marque prenait le contrôle, ne lui faisait pas mieux valoir que ces fous de Bathory. Tout état d'âme mis de côté, il se livrait entièrement à sa nature, vivait pour l'instant, oubliait toute la noirceur qui encombrait son passé. Il était Anton, le chasseur, rien de plus. Et ses pas s'élançaient, pistaient le moindre craquement de branche : la louve était peut-être plus rapide, mais pas plus maline. Il était sans doutes fou de s'élancer à sa poursuite armé d'un simple couteau, mais l'excitation de la chasse l'emportait. Tout n'était que joie lorsqu'on s'oubliait de notre humanité. Les seuls indices de sa traque furent quelques gibiers, laissés morts, de ci de là. Sa route croisait celle d'un chevreuil, dont le regard troublé semblait l'interpeller. Il stoppait, l'instinct des Serban revenait, l'effet du sang disparaissait. L'animal était comme un humain, que les vampires n'auraient pas fini de vider de son sang, sans chance de survivre à ses blessures. Et si Anton avait croisé des hommes à l'agonie, il n'avait jamais eu la possibilité d'intervenir pour abréger leurs souffrances, parce que ces idiots de policiers auraient relevé ses empruntes, contraint de les laisser souffrir jusqu'à ce que la mort l'emporte, malgré la demande implorante d'en finir. Mais là, face à un chevreuil, l'homme qu'il était pouvait encore intervenir, panser la mauvaise conscience qui planait dans ses souvenirs. Alors il prenait une pause, de toutes façons il était essoufflé, il caressait l'animal, prenait sa tête entre ses mains pour le bercer, l'apaiser. Il attendait que le rythme cardiaque ralentisse, que le corps se détende, que le chevreuil abandonne sa confiance à cet inconnu. La langue du gibier venait même effleurer sa main, alors qu'il ressentait le souffle difficile s'échapper de ses poumons perforés. Le sang coulait en un mince filet de ses naseaux, il en avait encore pour plusieurs dizaines de minutes. Alors le chasseur agissait comme un maître qui serre dans ses bras son chien une dernière fois avant l'euthanasie. Il enlaçait l'encolure de la bête, posait sa tête contre la sienne, fermait les yeux, puis rompait la nuque, d'un mouvement efficace.
Le chant des oiseaux le réveillait à l'aube. Il s'était endormi contre l'animal et sentait le moelleux de son corps devenu rigide, inconfortable. Il se redressait, vif, se souvenait qu'il était en chasse. Mais la lune avait gagné d'autres horizons. Alors il se remettait à courir, utilisait l'application boussole de son téléphone pour regagner le point d'entrée de la forêt. Leo voudrait probablement se rhabiller avant de partir. Il l'attendrait là où elle avait laissé ses affaires. Il avait brisé des branches dans ce secteur pour retrouver l'emplacement exact. Et il avait visé juste. Les affaires étaient encore là, une chance. Leur propriétaire ne tarderait pas. Alors il s'adossait à un arbre pour attendre. Fouillait dans sa sacoche pour y trouver le paquet de cigarettes. Cela lui ferait du bien, l'esprit encore embrumé par cette courte nuit de sommeil, les joues rosies par la fraîcheur du matin. La nicotine lui donnerait un peu d'énergie. Mais en cherchant son briquet, il retombait sur une seringue vide, qu'il gardait toujours au cas où. Une idée germait alors dans sa tête. Et s'il pouvait raisonner Leo ? S'il n'avait pas à l'abattre comme le plan le prévoyait ? Ils pouvaient trouver un arrangement. Cela dépendait d'elle. La voilà d'ailleurs qui arrivait, nue. Et il l'observa de haut en bas, hochant la tête, en position de connard de la situation. Puis il ôta la cigarette de sa bouche, prenait le temps de recracher la fumée avant de s'avancer d'un pas.
« J'ai pas envie de faire le ménage derrière toi. »
Le ton glacial fendait l'air, sans aucune sympathie. Il revoyait encore le chevreuil, ces yeux si expressifs. Personne n'avait à mourir de la sorte. Certainement pas l'un de ces pauvres animaux qui faisaient chaque pleine lune les frais de la barbarie des lycans.
Phantasmagøria
Leonóra Keresztély
poisoned soul + drink from the cup of life
poisoned soul
√ Messages : 169 √ Date d'inscription : 23/04/2015
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Jeu 28 Mai - 23:11
Invité
Invité
poisoned soul
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Lun 1 Juin - 19:41
Ghost in the machine
Tant d'années d'amitié. Mais quand la demoiselle avait-elle pu développer la cruelle maladie ? Était-ce la raison pour laquelle elle avait décliné l'invitation au mariage ? Anton ne poserait pas la question. Il ne voulait pas savoir depuis quand, la vérité était parfois une offense, alors il tentait de la considérer comme le reste de ceux de son espèce, des chiens fous. Mais une partie de son être lui refusait tout bonnement cette simplicité, il voyait encore Leo, une bonne amie, la personne avec qui il avait passé une agréable soirée. Comment faire cohabiter ces deux idées maintenant que le fossé se creusait ? Il paraissait plus tentant de jour les durs, par habitude, ne lui accorder aucune merci sauf celle liée à l'absence de son armement. Heureusement qu'il n'avait pas eu le temps de s'équiper. Il l'aurait tuée, aurait sombré un peu plus dans le gouffre dans lequel il s'enfonçait déjà. Il était idiot de croire que les chasseurs n'étaient pas aussi maudits que le créatures qu'ils traquaient. Mais ils ne le disaient pas aux jeunes générations, elles ne s'en rendraient compte qu'une fois trop tard.
Leo n'était qu'un point de plus sur le tableau noir, mais il n'avait pu s’empêcher de se mêler à l'affaire en parlant de nettoyer derrière, ce à quoi elle finissait par répondre qu'elle ne lui avait rien demandé. Fichtre, non ! Mais c'était sa mission, il n'avait pas le cran de lui énoncer les choses clairement et fumait une taffe de plus, sans prendre garde à la fumée, qu'importe si cela la gênait. Il s'adossait même à un arbre, l'observant se rhabiller avec une certaine fascination en voyant le trait de son visage se déformer sur la douleur. Des courbatures. Suffisamment pour qu'il l'abattre, ici, sur le champs. Mais rien, seule sa main se resserrant au fond de sa poche pour étouffer l'idée. Il y avait peut-être une autre solution. Mais laquelle ? Ce regard sur la cigarette, il ne l'omettait pas, mais il préférait lui jeter à la tête la dépouille d'un animal qu'elle avait tué la nuit durant, qu'il n'avait malheureusement pas à proximité. Alors il ignorait, jusqu'à ce qu'elle daigne enfin faire une remarque sensée. Elle s’assoit, remarque qu'il est chasseur. Qui se séparerait de ses jambes en faisant ce genre d'observation ? Se croit-elle en sécurité, parce qu'ils ont été amis ? Au moins elle sait que les gens comme lui existent. Elle en savait probablement peu, car elle aurait refusé de le voir sinon, elle aurait identifié son nom. Anton hochait donc la tête, sans plus de détails. Chasseur, qu'il était, serait jusqu'à sa mort. Il lui arrivait de se demander comment cette dernière se produirait. Il y a trois ans de cela, il pensait encore qu'il finirait vieillard, entouré de sa descendance, main dans la main avec Barbara. Il avait suffit de quelques vampires pour lui faire réviser sa copie. Quant à la morsure d'un lycan... Jamais il n'accepterait.
Puis c'est l'excès. Elle pouvait courber l'échine, il lui laissait une chance. A la place elle a choisi la provocation. Si encore elle n'avait faire que demander si il allait la tuer, cela pouvait se comprendre. Mais parler de ses « amis ». L'idiote ! Comment pouvait-elle parler sans savoir ? La fatigue jouait sur ses nerfs, il ne pouvait tolérer. Il jetait le mégot encore incandescent, il se rapprochait à grand pas, jusqu'à dominer la louve de sa hauteur. Pas le courage de sortir sa lame, pas quand ils sont humains. Il tombait simplement à genoux face à elle, plaquait ses mains sur ses épaules, la renversait au sol pour l'observer longuement, droit dans le yeux, emprunt de déception, alliée à la mélancolie, imperceptible.
« Je ne suis pas un chien. Je ne rapporte pas mes proies. Et qui es-tu pour parler d'amis ? Les tiens sont-ils maintenant ta meute? »
Une certaine rage dans sa voix, la cruauté se mêlait à l'idée d'amitié. Elle avait tout ruinée, elle était la seule à blâmer pour leur situation actuelle. Il était fou à cette idée, alors plutôt que de la frapper à la tête, il se redressait, la gardait au sol, assis sur son buste et levait les yeux au ciel. Devait-il la tuer ? Il repensait aux créatures qu'il avait abattues, tout ce sang versé... Existait-il une exception à faire pour une fois? Il se mettait à fixer Leo, droit dans les yeux, cherchait une réponse, la trace du mérite à garder la vie sauve. Le sang ! Il ne pouvait pas s'imagine lui trancher la gorge. Mais... Une idée germait, avec un mince sourire au coin de ses lèvres. Il ne pourrait jamais veiller sur tous les lycanthropes du monde, mais une ? Il y avait peut-être une chance, s'il y trouvait lui aussi contrepartie. Le sang des lycans, il était à même d'affaiblir le plus ancien des vampires. Elle ne redeviendrait probablement pas l'amie qu'elle avait été, mais c'était la seule solution pour qu'il lui accorde encore une once de respect. Alors il sortait une seringue neuve de sa sacoche, ainsi qu'un aiguille stérile, qu'il assemblait sous les yeux de celle qui fut une amie.
« Je te propose un marché. Si tu connais l'existence des chasseurs, tu dois bien savoir à quoi sert cette seringue? »
Et par surprise, sans même attendre son autorisation, il plaque une main sur son biceps de violoniste, se sert de l'autre pour manipuler l'outil chirurgical, cherche la veine. Il a peu de temps, les loups se remettent vite...
Phantasmagøria
Leonóra Keresztély
poisoned soul + drink from the cup of life
poisoned soul
√ Messages : 169 √ Date d'inscription : 23/04/2015
Sujet: Re: Ghost in the machine (w/Anton) Jeu 18 Juin - 21:40