C’était un jour de semaine et Ethan en avait marre de tourner en rond chez lui. Il était en train de devenir fou. Il n’en pouvait plus de passer son temps à lire. La seule chose dont il ne s’ennuyait jamais était de torturer ses proies. Mais même là, il n’y avait rien à faire. Sa dernière victime était morte le matin même et ne pouvant pas sortir il n’avait pas pu le remplacer. Il était donc en train de faire les cents pas dans son salon, ne portant sur lui qu’un simple caleçon. Ethan regarda l’heure et réalisa qu’il n’était que 15 heures. Il soupira. Il n’avait pas envie encore 3 – 4 heures avant de pouvoir sortir. Pour essayer de se calmer, il s’installa sur son fauteuil Chesterfield rouge et prit le livre qui était posé à côté de lui. Il s’agissait du troisième tome des 50 Nuances de Grey. Il se demandait encore comment il avait pu lire une débilité pareille. Il hésita quelque secondes le livre en main puis le reposa. Non. Il n’allait pas le lire. Il avait juste envie de vomir en lisant cette histoire, il ne supportait pas tout ce qui touchait à l’amour et encore moins de ce livre.  C’était tellement nul. Il ne pouvait pas piffrer le personnage d’Ana. Le jeune homme juste envie de lui jeter des baffes à la chaîne ou lui éclaté le crâne contre le mur tellement il la trouvait conne. Et concernant les scènes de cul, il ne voit pas trop où est le SM là-dedans. Wow, elle se fait gentiment fouetter et tout de suite, attention scènes SM. Il leva les yeux au ciel en soupirant. C’était déprimant. A la place de lire un livre pareil, il alla à la salle de bain et se fit couler un bain. Il s’y endormit d’ailleurs. Quand il se réveilla le soleil s’était couché. Tant mieux, il pouvait enfin sortir prendre l’air, faire un petit tour. Il sortit de la baignoire et se sécha. Il enfila à la hâte un caleçon et alla dans sa chambre pour le reste de ses habits. Il mit un simple jeans, un t-shirt noir et chaussa ses rangers. Avant de sortir, il enfila sa veste en cuir et posa son casque sur ses oreilles.

Il décida de marcher vers le quartier Pest, qui se trouvait à un petit quart d’heure de chez lui. Tout en marchant, il s’alluma une cigarette, un de ses vices qu’il a gardé de sa vie humaine et auquel il n’arrivait pas à échapper, tout en écoutant la chanson Drink With The Living Dead de Ghoultown. Il ne savait pas vraiment aller et il se laissa guider par ses pas. Au coin d’une ruelle, il remarqua un homme adulte, petit, le ventre bedonnant. Il ne s’attaquait pas à ce genre de proie normalement, mais tout bien réfléchi il avait un petit creux. Il décida donc de le suivre. Ethan accéléra le pas pour ne pas le perdre de vue tout en gardant une bonne distance pour ne pas se faire repérer. L’homme entra dans un hôtel et Ethan le suivit à l’intérieur. Là, il remarqua qu’une jeune femme très dévêtue attendait le monsieur, certainement une prostituée et les vint monter à l’étage. Grâce à ses sens surdéveloppés, il réussit à entendre le numéro de leur chambre. Il regarda autour de lui et sourit. L’hôtel était vide. Les touristes étaient soit dehors soit reparti chez eux. Il monta les escaliers petit à petit, s’imaginant la scène dans sa tête. Arrivé à la hauteur de la chambre, il toqua « Room Service ». L’homme de tout à l’heure lui ouvrit, sans se méfier et Ethan lui sauta à la gorge.

Le soleil enfin couché, l'immortelle émergea de son sommeil, ouvrant ses yeux bleus qui fixèrent son plafond, des moulures qu'elle connaissait par cœur. Xeniá vivait dans un bel appartement de Pest, qu'elle avait évidemment acheté avec tout l'argent amassé pendant les dernières décennies. Les travaux effectués dans l'appartement lui permettait de se protéger des rayons du soleil et de pouvoir évoluer à l'intérieur en plein jour. Elle quitta son lit pour rejoindre le salon, s'asseyant alors sur le sofa, déjà ennuyée par la nuit qui allait être longue, surtout quand on avait pour compagnie la solitude. Il n'y avait ni télévision et ni ordinateur chez elle, vivant encore à l'ancienne mode, pas du tout réceptive et enjouée face à toute cette avancée technologique censé rapprocher les gens des uns des autres alors que au contraire, ils s'enfermaient dans un monde virtuel. Néanmoins, elle possédait un téléphone et celui-ci se mit à vibrer pour lui signaler un message. Xeniá travaillait comme traductrice littéraire, le romancier avec qui elle collaborait l'attendait à l'hôtel pour qu'elle puisse récupérer le premier chapitre. La rousse prit alors une douche rapide et se dirigea vers son dressing pour s'habiller. Une robe courte et noir à manche longue, des bas de laine de la même teinte qui montaient jusqu'aux genoux et des bottines à talons aiguille. Un look très femme fatale, s'adaptant aux modes de ce siècle. Ses long cheveux roux tombaient en cascade et apportait une note de couleur. Ses yeux bleus cernés d'un contour de crayons noirs, et la voila prête à se mêler à la population.

Elle se déplaçait à une vitesse surhumaine, étant presque invisible pour des yeux humains. Le vent froid lui claquant le visage et faisait envoler sa longue chevelure derrière elle pendant sa course. Elle s'arrêta dans une ruelle adjacente à l'hôtel, sortant une cigarette de son sac qu'elle glissa entre ses lèvres carmins. Il fallait qu'elle se nourrisse avant son rendez-vous, son choix se portant sur un homme qui venait de la siffler et qui semblait alcoolisé ... Elle tira une bouffée sur sa cigarette et l'écrasa. L'homme devait avoir une cinquantaine d'année, elle sonda son esprit rapidement, se rendant compte à quel point il était mauvais ... Xeniá tuait uniquement les humains aux cœurs sombres, et il était étonnant de voir que ce connard en possédait un. Elle s'approcha de lui, souriante et aguicheuse, le voyou se touchant vulgairement l'entre-jambe en regardant la belle créature. Ridicule songea l'immortelle, se jetant alors sur lui pour planter ses canines aiguisés dans sa jugulaire, aspirant alors le précieux liquide vital afin d'étancher la soif de la Damnée. Elle le vida complètement, laissant ensuite son corps tomber sur le goudron comme une vulgaire poupée de chiffon. Elle cacha alors le cadavre sous une benne à ordure, la place parfaite pour ce trou du cul et quitta la ruelle pour rejoindre l'hôtel, comme-ci de rien n'était.

Assise au bar, elle reçut alors un message, son rendez-vous ayant un imprévu, elle se retrouvait seule dans cet endroit. Un long soupir, retirant alors sa veste, ennuyée. Elle décida de se prendre une chambre, se disant que l'endroit était un vrai garde manger et que sa dernière proie ne l'avait pas repue. En passant devant une chambre, ses sens aiguisés perçurent le sang et la présence d'un semblable. La rouquine se cala contre le mur, attendant alors que le Vampire termine son repas pour qu'elle puisse le croiser à la sortie. Peut-être qu'elle le connaissait ? Elle n'était pas contre un peu de compagnie dans la nuit ...

Les crocs enfoncés profondément dans sa nuque, Ethan poussa le gros lard à l’intérieur de la chambre et referma la porte avec un de ses pieds. Heureusement pour lui, elle se referma. Il ne supportait pas ce genre de personne. Des gens riches qui se croyaient tout permis et dès que leur petite escapade nocturne fuitait dans la presse, ils jouaient aux petites victimes innocentes. Ce n’était jamais de leur faute. C’était la faute des médias, soi-disant qui inventait tout pour mieux vendre. Pour éviter que le type réveille tous les habitants de l’hôtel, même s’il avait l’air à moitié vide, il lui posa une main dans la bouche, pour  éviter qu’il crie. L’homme en profita pour mordre la paume du jeune homme, qui jura. Il enleva sa main ensanglanté de la bouche et retira ses crocs. Fou de rage, il projeta violemment l’homme sur le lit,  qui rebondit comme une masse inerte, alors qu’il était encore vivant. Il s’approcha de lui, d’un pas nonchalant, pas besoin d’utiliser ces pouvoirs ici, de toute façon ils ne pourraient pas fuir et il aimait prendre son temps dans ce genre de situation. Au même moment, son regard fut attiré par quelque chose vers la porte de la salle de bain. Il fixa ses yeux, rempli de haine, dans ceux de la jeune femme qui se tenait là, les yeux exorbités, toute nue, prête à faire plaisir au pervers. Sa nudité ne provoqua pas l’effet escompté sur le jeune homme. Non pas qu’il n’était pas attiré par les femmes et qu’il ne tirait pas un coup une fois de temps en temps, c’était un homme après tout, mais parce qu’elle ne l’attirait pas du tout. Déjà elle ne supportait pas les prostituées. Il les trouvait sales, malsaines. Et en plus, celle qui se tenait devant lui, il la trouvait laide. Elle était petite et un peu grassouillette, ses seins pendant sur son ventre flasque. Il eut soudainement envie de vomir devant cette image. Tout compte fait elle allait bien avec le vieux qui se trouvait couché sur le lit, à moitié assommé par la chute. Heureusement pour lui, la fille de joie ne criait pas. Elle était pétrifiée sur place. Il lui fit signe de s’approcher mais elle ne bougea pas. Le jeune homme soupira et en moins de deux se retrouva à son hauteur et l’expédia aussi sur le lit. Préalablement, il alla chercher des serviettes de bain dans la salle de bain, qu’il déposa ensuite sur le corps nu de la jeune femme. Sa nudité le répugnait. Si au moins elle était jolie, mais non.

Il s’occupa d’abord de l’homme. Il ne savait pas encore s’il allait s’attaquer à la jeune femme, tellement ça le dégoûtait. Il ne voulait pas choper une quelconque saloperie.  Il renfonça ses canines dans la nuque de celui-ci et le vida de son sang. Et il y en avait du sang. Il se fit la réflexion que s’il y avait autant de sang que de graisse, il n’aurait plus eue besoin de se nourrir pendant une semaine. A la suite de ça, il vérifia que l’homme était bien mort et maquilla son méfait. Il détacha la cravate et l’attacha autour du cou de l’homme mort. Et tira. En espérant qu’elle laisse une trace. La cravate cachait bien évidemment les marques de morsures, il était conscient que la police les trouverait, mais au premier abord, ils croiront que c’était un meurtre par strangulation. Il se tourna ensuite vers la jeune fille. Il ne savait pas quoi faire d’elle, surtout qu’il avait bien mangé. C’était trop risqué de l’emmener chez lui, il était sûr de croiser des gens. Il décida donc de la tuer aussi, mais d’une manière un peu plus propre. Il n’allait pas lui sucer son sang. Il la fit aller à la salle de bain, et lui retint pendant 5 minutes la tête sous l’eau, dans la cuvette de toilettes. Mort par noyade. Ils ne suspecteraient jamais un vampire, et puis de toute façon, il n’était pas le seul à Budapest.

En sortant, étant donné qu’il était dans un état second, il ne remarqua pas la présence de la jeune fille qui était calée contre le mur à côté de la chambre, et même son sens surdéveloppé ne se mit pas en marche. Il se dirigea lentement vers l’ascenseur de l’étage.