Hurlent les corps qui ploient à leur appétit, s’essoufflent les vies aux crocs des loups et geignent les âmes à ces mains de sorcières. Budapest est une gueule qui avale et recrache ses habitants depuis des siècles, eux qui foulent terre et pavés sans connaissance des terrifiants à leur pas, de cette seconde ombre qui se faufile sans qu’ils ne voient. Un rire à l’oreille et ce frisson à la nuit tombée. C’est l’impression qu’il y a quelqu’un dans votre chambre, dans votre dos, le souffle à la nuque. Vite. On se retourne, mais il n’y a personne, ce n’est qu’un mauvais rêve. Le monstre sous le lit est une légende, un conte pour les enfants. Les adultes voguent à leur vie, prétendent avoir oublié les légendes, ces chuchotements le soir, ce bois qui craque. Tout est normal. Des mots que l’on prononce pour se rassurer, quelques prières pour les autres, eux les hommes de foi qui rejettent les infâmes. Vampire est le nom de ces ombres sournoises, ces êtres millénaires qui sillonnent le monde. D’autres marchent, eux les enragés, des chiens affamés. Les corps jonchent les rues et sous-bois. Les enquêtes ne progressent pas, il faut taire, ne pas laisser émerger la panique. Mais vous savez. Et toi aussi, gamin qui te faufile sous ta couette, armé d’une peluche, tu sais ce qu’il en est des créatures, de ces figures des livres. Tu les as vu. D’autres courent à vos côtés. Elles que vous avez brûlé. Les hurlements des sorcières résonnent aux tympans des hommes. Diable de harpie !

Maintenant, que vous savez. Allez-vous oser regarder sous le lit ?